Dans les rapports de suivi des familles, l’équipe nous informe parfois que certains ados ne sont plus vraiment assidus dans leurs études, car ils consacrent beaucoup de temps aux jeux vidéo. Comment cela se pratique-t-il dans les quartiers de Tana ?
En centre ville, les salles de jeux offrent un cadre luxueux avec des consoles PS4 de bonne qualité et de génération récente. Les jeunes qui ont de l’argent ont souvent un équipement personnel à la maison, mais ils fréquentent les salles pour jouer en équipe et entre copains.
En périphérie, il y a également des salles de jeux en nombre, mais équipées de matériels plus anciens, PS2 ou PS3, et installées dans des locaux très simples, des petites salles en dur ou des cases en bois, du moment qu’il y a l’électricité pour alimenter les écrans et consoles. C’est un investissement rentable pour les propriétaires de ces lieux qui attirent beaucoup les jeunes et ados.
En plus d’être un loisir, le jeu fait aussi l’objet de paris et de compétitions. Souvent, grâce aux paris, les meilleurs joueurs gagnent de l’argent. Ceux qui sont moins expérimentés apprennent en observant les plus doués. Des jeunes passent ainsi beaucoup de temps en tant que spectateurs dans l’espoir de se perfectionner afin de jouer et parier plus tard. Il y a aussi des jeux multi-joueurs qui suscitent des compétitions.
Pour jouer, il faut payer par tranche de 10 mn de jeux, 0,05 € pour les PS2, et 0,13 € pour les PS3. Cela peut sembler bon marché, mais rappelons que les mamans ont difficilement un revenu de 1 € à 1,50 € par jour. Du coup les jeunes cherchent les moyens de récolter un peu d’argent. Ils font des petits travaux dans les quartiers, comme transporter de l’eau ou jeter les ordures.
Dans les quartiers difficiles de Tana, il y a peu de loisirs pour les jeunes, et le jeu vidéo suscite une attirance compréhensible, comme chez les ados du monde entier. Le soucis est que certains ont du mal à trouver un équilibre entre scolarité et loisirs, au point de délaisser leurs études. Souvent les mamans, du fait de leur travail, ont du mal à suivre leurs ados. De plus, elles ne comprennent pas les jeux vidéo et ne voient pas les conséquences d’une fréquentation abusive des salles de jeux. Les accompagnateurs leur expliquent, ainsi qu’aux aînés, comment apprendre aux jeunes à se contrôler et avoir un usage raisonnable de ce loisir. Cette problématique est aussi une des raisons qui a poussé l’association à organiser des camps de vacances l’été, afin de ne pas laisser les ados et enfants trop longtemps désœuvrés dans les rues.
Le jeu vidéo est une distraction devenue incontournable, mais qui doit être « consommée » avec modération !