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Billet d’octobre : La peste à Madagascar

Panique à Madagascar. Depuis le mois d’août, une épidémie de peste particulièrement virulente touche différente parties de l’île, et la capitale en particulier. Nous faisons le point.

Oubliée depuis des siècles chez nous, la peste est endémique à Madagascar. Elle est arrivée par bateau en 1898 à Tamatave et elle a rapidement trouvé un porteur naturel introduit 1000 ans plus tôt : le rat noir ou plutôt ses puces. En 1920 elle s’installe sur les hauts plateaux avec la population de ces rats noirs très résistants à ce fléau et donc porteur idéal : cela explique pourquoi la peste est restée endémique avec 200 à 300 cas mortels chaque année entre septembre et avril.

La forme pulmonaire de la maladie, transmissible par la toux, peut être fatale dans un délai de 24 à 72h. C’est cette forme (la plus dangereuse par sa rapidité) qui sévit le plus à Madagascar en ce moment.

Cette année, les premiers cas ont commencé dès aout, et surtout ce sont déclarés dans les grandes zones urbaines, ce qui est nouveau. Elle se propage dans les quartiers les plus défavorisés et dans les populations les plus fragilisées, là où les rats vivent à proximité des hommes. L’hygiène se heurte à la pauvreté ; les gens ne pensent pas au nettoyage mais à ce qu’ils vont manger aujourd’hui et demain.

Actuellement on compte une vingtaine de quartiers touchés dans Tananarive. Du coup, les habitants ont pris peur et se sont rués sur les caches-bouches et les antibiotiques génériques, pas forcément adaptés.

Les autorités ont interdit les réunions publiques, les rassemblements, les événements sportifs, les spectacles, et suspendu les cours dans les écoles et les universités pour désinfecter les lieux. Des barrières sanitaires ont été instituées aux portes de la capitale. Pour l’instant, on déplore 92 morts dans tout le pays sur 1100 cas avérés.

L’OMS a envoyés 1,2 millions d’antibiotiques, de quoi traiter 5000 patients, et a formé des centaines de volontaires d’ONG pour répandre les bonnes pratiques et les connaissances des premiers symptômes avec l’appui des responsables de quartier.

Avec l’aggravation de la situation, les gens sont moins nombreux dans les rues, chacun est très préoccupé de garder une distance minimum de 2 m, mais comment faire dans les bus bondés ?

Chacun est inquiet pour aller travailler (port de masques dans plusieurs lieux de travail) et dès qu’il y a un cas c’est la panique, fermeture et tests obligatoires.

Et pour l’équipe et les familles suivies qu’en est-il ? 

Au début on ne s’est pas trop inquiété, les quartiers touchés n’étaient pas ceux des familles accompagnées. Mais les visites à domicile ont été suspendues et les cours aussi. L’équipe a envoyé des messages aux familles les incitant à bien suivre les recommandations des autorités sanitaires : aller au dispensaire local à la moindre alerte (toux suspecte) pour faire les tests et les premiers soins, les consultations étant gratuites pour cette maladie. Beaucoup de gens font le test car ils ont peur.

Le quartier d’Andohatapenajka, avec toute la saleté et les ordures et où vivent nombre de familles soutenues, a fini par être contaminé.

Les bureaux de l’association ont été désinfectés et les accompagnateurs prennent un masque pour chaque accueil même s’ils sont plus rares. Une permanence a été instituée pour accueillir et assurer le fonctionnement du travail.

A notre connaissance, il n’y a pas de cas déclaré dans les familles accompagnées. L’accès aux soins, l’alimentation, la réhabilitation des logements diminuent l’insalubrité et la fragilité des filleuls et de leur famille.

Nous les encourageons à prendre toutes les précautions nécessaires et espérons que cette situation va rapidement s’améliorer pour toutes et tous.

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